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VICTIMES DE VIOLENCES PSYCHOLOGIQUES

en milieux intra-familial, professionnel et institutionnel

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Définir les violences psychologiques 

 

La définition générale de la violence comme "le fait d'agir sur quelqu’un ou de le faire agir contre sa volonté, en employant la force ou l'intimidation", peut correspondre à celle de la violence physique, mais trouve ses limites lorsque l'on évoque les violences psychologiques.

La première limite se trouve en effet dans la notion d'agir "contre sa volonté". Les victimes de violences psychologiques agissent non pas "contre" leur volonté mais plutôt "à défaut" de celle-ci. Lorsque toute forme de volonté propre a été anéantie, il ne peut plus être question d'agir contre elle.

La seconde est dans l'évocation de ces deux seuls moyens : la force ou l'intimidation. Deux termes qui sont eux-mêmes tellement chargés de violence, qu'ils occultent l'infinité de ses nuances.

Ainsi, on peut définir la violence psychologique comme le fait d'agir sur quelqu'un (en l'intimidant, le blessant, l'humiliant…) par le geste ou la parole, afin de le contrôler et de le soumettre.

Il est important également d'extraire de cette définition celle du harcèlement qui, bien qu'elle en découle, s'appuie, elle, sur le caractère répétitif de cette violence et sur ses conséquences néfastes sur les plans physique et psychologique.

"Le diable est dans les détails" (Nietzsche) 

La violence psychologique a ceci de particulier qu'elle prend ses racines dans les subtilités, dans le quasi imperceptible : elle s'en nourrit au quotidien.

Il peut s'agir pour commencer de petites phrases ou remarques qui paraissent anodines. Surtout pour celui qui les profère. Pour celui à qui elles sont destinées, elles peuvent avoir un petit quelque chose de vaguement dérangeant mais il renonce le plus souvent à les relever pour ne pas être accusé de susceptibilité. Lorsqu'il ose enfin en relever une, son auteur s'en défend généralement en invoquant une plaisanterie (que sa cible n'a pas eu la finesse de saisir), un trait d'humour, dont, à l'évidence, elle doit manquer (sans quoi elle aurait ri à sa boutade). Si bien qu'en fin de compte, les relever conduit à davantage de dénigrement … et donc à décourager d'en parler.

Cette "innocente" violence devient alors de plus en plus gourmande : les "boutades" se font de plus en plus fréquentes. Elles ressemblent de plus en plus à des piques, destinées à mettre l'autre mal à l'aise. Eventuellement, la victime cherchera à comprendre quel message l'autre essaie de lui faire passer : qu'a-t-elle mal fait ? A-t-elle eu un geste, une attitude qui, malgré elle, aurait pu causer du tort ? Elle va alors repasser dans sa tête tous les échanges qu'ils ont eus, en cherchant lequel a pu blesser l'autre. Elle va finir par en trouver un et, naturellement, s'en sentira coupable ; elle s'attachera dès lors à se le faire pardonner. Le bourreau a gagné.

De cette manière, le mécanisme de ces violences se trouve alimentée non seulement par leur auteur mais aussi, plus insidieusement, par leur victime. Voilà que ces remarques désobligeantes, qui jusqu'alors se tenaient à l'écart, surgissent devant l'entourage. Celui-ci, à son tour déstabilisé, ne sait pas toujours comment les accueillir et encore moins comment y réagir. Après tout, puisque la cible de la moquerie semble elle-même y sourire, c'est que ce devait être une plaisanterie. Mais, fuyant le malaise provoqué par ces scènes dérangeantes, les proches finissent petit à petit par prendre leurs distances. La victime se retrouve ainsi progressivement isolée et n'appartient bientôt plus qu'à son bourreau. Coupée des conseils et des remarques bienveillantes de ses proches, qui pourraient lui servir d'alarme, la victime se retrouve seule avec son persécuteur, qui a désormais le champ libre pour manipuler son esprit et ses émotions.

Cette emprise consiste dès lors à aliéner sournoisement sa victime. Ce travail de sape ne pouvant se faire qu'en subtilité et sur la durée, le bourreau, désormais dans un jeu pervers, sait alterner les phases de destruction avec d'autres de tendresse, de douceur. Sans ces périodes de "lune de miel", sa victime pourrait s'endurcir et se fermer, ce qui réduirait l'emprise qu'il a sur elle. Au contraire, l'auteur de violences cherche à attendrir sa victime : lui faire baisser ses défenses, pour la rendre pleinement vulnérable à ses prochaines attaques.

Des violences psychologiques à la perversion narcissique ?

L'utilisation de la double contrainte, en particulier de l'injonction paradoxale, est une caractéristique fréquente du mode de communication des auteurs de violences psychologiques. Il s'agit pour ces derniers de soumettre leur victime à deux contraintes ou pressions incompatibles : le problème ainsi engendré étant insoluble pour la victime, celle-ci se retrouve incapable de prendre une décision. Empêchée de penser par elle-même, et surtout pour elle-même, elle s'en remet alors totalement à son bourreau et se retrouve finalement assujettie à lui.  

Il en résulte fatalement une détresse psychologique qui s'avère bien souvent dévastatrice, la victime ayant le sentiment de devenir littéralement folle (l'anthropologue Gregory Bateson envisageait l'exposition à la double contrainte comme, sinon une cause, du moins un facteur de la schizophrénie). Cette détresse et cette perte de repères conduisent inévitablement à un épuisement psychologique mais également physique. Epuisement, qui est un objectif intermédiaire du pervers narcissique pour lui permettre d’arriver à ses fins, à savoir, l’instrumentalisation et enfin la dépersonnalisation totale de sa victime. Cette dernière devient ainsi une chose, SA chose, qui ne peut exister en tant qu’être humain, mais uniquement comme un objet. L’outil de sa jouissance : rappelons ici que le pervers narcissique n’aime pas, il possède.

 

Et quand sa victime semble se ressaisir – si c’est encore possible - la rage narcissique éclate. Le pervers narcissique aura pour seul but d’anéantir ce qu’il sent lui échapper. Par tous les moyens. Violences psychologiques toujours, et désormais physiques puis aussi économiques. Ceci visant à rendre la victime toujours plus dépendante et sans issue possible.

Tous violents donc tous pervers ?

Toutes les victimes de violences psychologiques ne subissent pas systématiquement l’évolution du processus décrit précédemment ; tous les auteurs de violences psychologiques ne sont pas nécessairement pervers et n’agissent pas forcément à dessein. Toutefois, quelles que soient les intentions qui motivent ces violences, il n’est pas question ici d’en minimiser les conséquences sur leurs victimes.

Celles-ci peuvent aussi bien être des hommes que des femmes (tout comme leurs bourreaux) et subir ces violences dans des rapports de couple, familiaux, professionnels et scolaires ou même institutionnels. Le trait commun à ces rapports étant la position "dominante" de l'auteur des violences sur sa victime. Par ailleurs, et indépendamment du contexte dans lequel ces violences prennent place, les mécanismes exercés restent les mêmes. Les réactions de la victime, elles aussi, suivent un schéma identique : doute, sidération, accoutumance et résignation avec adoption du rôle imposé par l’auteur des violences et qui devient finalement le sien.

Enfin, leurs conséquences le sont également : perte progressive de l'estime de soi, isolement, dépression, épuisement, stress post-traumatique… Et d'autres, plus silencieuses, qui n'en sont pas pour autant négligeables. Une telle relation, même terminée, peut entraîner des répercussions sur les suivantes : certaines victimes de violences psychologiques ont par la suite plus de difficultés à identifier une relation toxique, qu'elle soit amoureuse ou bien professionnelle. Parce qu'elles l'ont longtemps accepté, elles peinent à distinguer l'inacceptable et s'accommodent de relations « juste moins » toxiques (du moins en apparence). Ceci conduit parfois à un certain « découragement » de leur entourage, qui a l'impression que c'est peut-être finalement ce qu'elles recherchent.

Reconnaître le statut de victime pour le dépasser

La diversité des problématiques accueillie en consultation est d’autant plus vaste qu’elles découlent bien souvent de problématiques plus anciennes, qui n’apparaissent qu’en filigrane. Or, cette problématique archaïque relève parfois de violences subies, psychologiques et parfois également physiques. Il arrive que la personne n'en perçoive pas le caractère violent, tant cela fait partie pour elle d'un quotidien, révolu ou encore présent, qu'elle a intégré et enfoui.

Ces problématiques sont souvent vectrices d'un sentiment de culpabilité, voire de honte, qui décourage les victimes de consulter. Il est par conséquent essentiel de les accueillir en reconnaissant leur statut de victime tout en valorisant leur démarche.

Il est également primordial d'envisager la possibilité de "rechutes" et de ne pas les voir comme des échecs. Parvenir à prendre ses distances avec la personne que l'on aime et dont on partage la vie, parfois depuis des années, et aussi toxique qu'elle puisse être, n'est pas une chose facile. Admettre que ses parents aient été psychologiquement maltraitants ne l'est pas davantage.

Toutefois, s'il est important que la personne identifie son statut de victime, il n'est pas question de l'entretenir dans ce statut. Le reconnaître est effectivement une étape nécessaire pour s'en affranchir, se libérer du sentiment de culpabilité et se réapproprier enfin sa liberté de choisir et d'agir par elle-même et surtout pour elle-même.

Enfin, je me montre extrêmement vigilante sur un point : je veille à ne pas créer de nouvelle dépendance. Mon cadre déontologique est le soutien, l'accompagnement vers l'autonomie et jamais la substitution d'une dépendance à quelqu'un par celle à un thérapeute.

Les zèbres davantage concernés par les violences psychologiques ?

 

Il existe un lien fort entre le fonctionnement atypique des personnes dites zèbres et leur exposition aux différentes formes de violences, en particulier aux violences psychologiques. Hauts potentiels de doute, les personnes hypersensibles et hyperémotives se trouvent, elles aussi, surexposées. 

Parce qu'elles sont davantage enclines à se remettre en question, à se demander ce qui ne va pas chez elles, elles n'identifient que difficilement ce qui ne va pas chez l'autre, encore moins chez celui/celle qu'elles sont convaincues d'aimer. Dans la vie professionnelle, zèbres et burn-out se rencontrent fréquemment quand ces profils atypiques sont exposés à des relations et modes de communication déséquilibrés et toxiques

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